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La surenchère calculée des rebelles houthistes yéménites

« Mort à l’Amérique, mort à Israël ! » Des Yéménites ont répondu par centaines de milliers, vendredi 12 janvier, à l’appel des autorités houthistes à manifester dans la capitale, Sanaa, contre les frappes des Etats-Unis et du Royaume-Uni qui, dans la nuit, avaient visé le groupe en représailles à ses attaques contre la marine marchande en mer Rouge.
Depuis le 7 octobre, début d’une nouvelle guerre opposant Israël au Hamas dans la bande de Gaza, les houthistes, alliés de l’Iran au Moyen-Orient et qui contrôlent une vaste partie du nord et de l’ouest du Yémen, appellent tous les vendredis la population à marcher en soutien à la cause palestinienne et à leur régime. « Les Britanniques et les Américains n’ont pas bien choisi leur jour. Vendredi, la manifestation était plus imposante que d’habitude », constate Helen Lackner, analyste et chercheuse non résidente au Sana’a Center et autrice de Yemen in Crisis, Devastating Conflict, Fragile Hope (Saqi, 2023).
Le regain de tension actuel permet aux rebelles yéménites de se placer au centre du jeu régional, envoyant à la fois des signaux au monde arabe et à la population yéménite. Tandis que les bombardements américains et britanniques portent le risque de renforcer la rébellion et d’accélérer la régionalisation du conflit en cours à Gaza.
Dans la nuit de vendredi à samedi, Washington a annoncé avoir mené une nouvelle frappe contre un « site radar » dans les environs de Sanaa. La veille, les forces navales et aériennes américaines, soutenues par les Britanniques, avaient déjà frappé une série de cibles appartenant aux rebelles yéménites. Ces derniers avaient menacé de riposter en s’en prenant aux intérêts de ces deux pays, considérés désormais comme des « cibles légitimes ». Après les raids aériens britanniques et américains de vendredi, les houthistes ont tiré au moins un missile, qui n’a cependant touché aucun navire.
Dans une déclaration commune, Washington, Londres et huit de leurs alliés ont souligné que leur objectif était la « désescalade » en mer Rouge. Mais Moscou a condamné des frappes occidentales « illégitimes du point de vue du droit international », tout comme le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui a critiqué une réponse « disproportionnée ».
Depuis le mois de novembre, le groupe rebelle yéménite a mené au moins 28 attaques ciblant des navires en mer Rouge et dans le détroit de Bab Al-Mandab, où transitent 12 % du commerce maritime mondial et près d’un tiers du trafic maritime de conteneurs. L’objectif revendiqué par les houthistes est de bloquer les navires en provenance ou à destination d’Israël et d’imposer un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
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